Un pas en avant… L’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture mardi 9 décembre le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, avec un décompte extrêmement serré de 247 voix pour et 234 contre. Cette validation, obtenue sans l’usage de l’article 49.3 de la Constitution, constitue une forme de réussite politique pour le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a su rallier les voix de la majorité, du MoDem, de LIOT, et surtout d’une large part des Socialistes et de plusieurs députés Les Républicains (LR) et Horizons. Cette adoption dégage la voie pour la suite du calendrier budgétaire, non sans laisser derrière elle des conséquences économiques, politiques et sociales notables.

Les points clés de cet article :

  • L’Assemblée nationale a adopté le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 avec une majorité étroite et sans recours à l’article 49.3.

  • Le texte prévoit une augmentation de la fiscalité sur le capital pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, tout en excluant certains produits d’épargne majeurs.

Toujours plus de taxes dans ce projet de loi

Le premier enjeu de ce budget réside dans son impact sur les comptes publics. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a salué le fait que le texte permette de limiter le déficit de la Sécurité sociale « à environ 19,5 milliards d’euros, contre une prévision initiale de 30 milliards d’euros en cas de non-vote ». Cette amélioration nécessite néanmoins une contribution de l’État de 4,5 milliards d’euros pour renflouer les caisses.

L’une des mesures les plus discutées, issue d’un compromis avec le Parti Socialiste, concerne la fiscalité sur le capital. Le texte prévoit ainsi une augmentation de 1,4 point de la CSG sur une partie des revenus du patrimoine et le taux sur ces produits passe ainsi de 9,2 % à 10,6 %.

Cette hausse, destinée à financer l’autonomie et la dépendance, se traduit par une augmentation du prélèvement forfaitaire unique (PFU), ou Flat Tax, qui monte à 31,4 % (contre 30 % actuellement) sur les produits concernés, tels que les dividendes et les plus-values d’actions détenues sur compte-titres, mais également sur nos chères cryptomonnaies.

Il est crucial de noter qu’un amendement de compromis a exclu de cette hausse des produits d’épargne majeurs pour les ménages, notamment l’assurance-vie, les revenus fonciers et les plans d’épargne réglementée. Mais jusqu’à quand ?

Toujours plus de taxes au programme de ce Projet de loi de financement de la Sécurité sociale

Compromis sociaux : Retraites et santé

Afin de garantir le vote, le gouvernement a dû consentir à des reculs et des avancées sociales majeures qui auront des répercussions concrètes :

  • Nouvelles dispositions familiales : Le texte prévoit l’entrée en vigueur, avancée au 1ᵉʳ janvier prochain, du congé naissance : deux mois indemnisés pour chaque nouveau parent, cumulables avec les congés maternité et paternité existants.

  • Suspension de la réforme des retraites : La mesure emblématique du gouvernement Borne, visant à augmenter l’âge légal de départ d’un trimestre par an, est suspendue. L’âge légal demeure à 62 ans et 9 mois jusqu’à son éventuel redémarrage en 2028. Le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein est également gelé à 170. Des avancées ont par ailleurs été actées pour les mères, avec la transformation de deux trimestres « non cotisés » en trimestres cotisés pour l’accès au dispositif de carrière longue dans le privé.

  • Santé et Hôpital : L’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) a été rehaussé à 3 % à la suite des débats parlementaires, un niveau jugé plus réaliste par certains mais toujours inférieur aux 3,6 % de l’année précédente. Des mesures impopulaires comme le doublement des franchises médicales et le gel des minimas sociaux ont par ailleurs été retirées du texte.

  • Encadrement des arrêts de travail : : Pour contrôler la dépense en indemnités journalières et lutter contre l’absentéisme, le texte introduit un plafonnement du premier arrêt de travail à une durée d’un mois, nécessitant une nouvelle consultation médicale pour son renouvellement.

Tout ça pour ça, le vote de ce PLFSS aura tenu la presse en haleine pendant plus de 24h – Source : Compte X

Perspectives et prochaines échéances

L’adoption du PLFSS 2026 n’est évidemment qu’une étape car le texte doit maintenant faire l’objet d’une navette avec le Sénat, en vue d’une Commission Mixte Paritaire (CMP). Selon de nombreux observateurs, le texte ne devrait pas être adopté en l’état par la Chambre haute et il se pourrait donc que l’Assemblée doive revoter dans une semaine sur ce même texte.

Les yeux sont désormais tournés vers l’examen du Projet de Loi de Finances (PLF) pour le budget de l’État, un texte politiquement encore plus clivant. Le gouvernement, qui souhaite éviter un recours au 49.3, a d’ailleurs envisagé la possibilité, en cas de blocage persistant, de déposer un projet de loi spéciale temporaire appliquant les choix budgétaires de l’année précédente pour 2026.

La presse économique est vent debout contre ce projet de loi qui ne résout pas grand-chose – Source : Compte X

La grosse fatigue des Français

Cette stratégie témoigne des difficultés persistantes de l’Exécutif à dégager une majorité stable dans l’Hémicycle depuis la dissolution annoncée par le président Macron le 9 juin 2024. Cette décision aura profondément et durablement affaibli le pouvoir en place et elle aura mis le pays dans une forme d’errance politique depuis plus d’un an.

Ce matin, dans la presse et les médias, vous trouverez une grande partie des représentants de la majorité présidentielle et de leurs alliés (d’un jour) se féliciter de l’adoption de ce PLFSS qui évite à la France un « blocage », soi-disant mortifère. En face, le RN et LFI crieront aux « magouilles politiciennes et aux arrangements de couloirs » et continueront à demander le départ d’Emmanuel Macron.

En revanche, ce que vous ne trouverez pas, c’est la fatigue des forces vives du pays, des travailleurs sociaux et des fonctionnaires de terrain, des entrepreneurs, des jeunes diplômés, des petits salariés et des agriculteurs qui veulent des réponses à leurs problèmes du quotidien et qui espéraient un cap pour le pays. Mais ça, ce n’est manifestement pas au programme des discussions de nos représentants. Un pas en avant, deux pas en arrière.

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